Le Japon et la mer : une cartographie asiatique
L'émergence spectaculaire de l'Asie orientale sur la scène internationale, observée au cours des dernières décennies, ne constitue pas seulement un phénomène économique majeur mais se mesure également dans les domaines géopolitique et culturel. Elle est à l'origine de nouvelles réflexions sur les représentations de cette région et sur ses interactions avec le reste du monde.
L'exposition présentée ici, la première à valoriser l'important fonds cartographique de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, s'inscrit pleinement dans cette perspective, en se proposant d'offrir, à partir d'une sélection de cartes japonaises, un regard inédit sur un thème ancien : le rapport du Japon à l'espace maritime.
À travers les plans des grands ports japonais, les atlas et cartes de l'archipel exposés, se dévoile une partie des rencontres, échanges et confrontations qui caractérisent la fin de l'ère Edo (1615-1868) et l'ère Meiji (1868-1912), période au cours de laquelle le Japon sort de son isolement. Ainsi, les représentations des ports de Nagasaki et d'Hakodate donnent à voir de hauts lieux du commerce développé avec les puissances occidentales.
De même, les cartes itinéraires japonaises présentent les principales voies de communication, comme la route terrestre du Tokaido (« la route de la Mer de l'Est »), entre Tōkyō, Kyōto, Ōsaka et Kōbe, mais également les routes maritimes de cabotage qui longent l'archipel nippon. Enfin, les atlas nationaux figurent les provinces littorales et les espaces insulaires tandis que certaines cartes de la fin du XIXe siècle représentent les territoires convoités comme les îles Ryūkyū (Okinawa) et la Corée.
Fabrice Argounès et Pierre Singaravélou