Une réforme interrompue
Ramus a tenté de réformer l’enseignement de la Faculté des arts dans la tradition de l’encyclopédisme des humanistes, en élaborant, à partir du commentaire des orateurs, des philosophes, des poètes et des des historiens latins – Cicéron, Virgile et César pour l'essentiel – un exposé méthodique des arts libéraux dont l'unique instrument est la dialectique. Inspirée de la dialectique humaniste de Rudolph Agricola, la dialectique ramiste est une théorie universelle de l'argumentation dont la pratique inclut l'éloquence. Ramus se distingue d'Agricola en ce que chez lui, la dialectique n'est pas restreinte au raisonnement probable, mais finit par se présenter comme la méthode unique de la connaissance et une véritable alternative à l'organon aristotélicien. Nous reprenons ici les grandes étapes de cette réforme de l’enseignement et du savoir, des premiers écrits condamnés à l'examen critique systématique de l'héritage antique latin (Cicéron, Quintilien), puis grec (Aristote), dans le sens d'une concordance entre Platon et Aristote sous le signe de Platon, et à l'entreprise de révision de tous les arts libéraux. Les guerres de religion contrarient la poursuite de l'œuvre, tout en contribuant à son internationalisation, avant de l'interrompre, avec l'assassinat de Ramus.