Un enseignement à deux vitesses
Des « cours pour les jeunes filles »
L'instruction des jeunes filles en France au XIXe siècle est fondamentalement inégalitaire et n'encourage en rien celles-ci à poursuivre leurs études.
Créés en 1867 par Victor Duruy, les premiers cours secondaires à destination des jeunes filles rencontrent l’opposition farouche des milieux cléricaux et ne survivent pas à la chute du Second Empire.
Dix ans plus tard, la loi Camille Sée (1880) instaure des lycées de jeunes filles dont la création, tout en constituant un progrès considérable, a pour conséquence le développement d’un enseignement secondaire public à deux vitesses.
Répartition des rôles
Loin d’être conçu pour permettre aux filles de se destiner à des études supérieures, ce nouvel enseignement vise en effet avant tout à les rendre plus aptes à remplir leurs devoirs de futures épouses, mères et maîtresses de maison.
Cet objectif se double d’un enjeu politique : la femme jouant un rôle fondamental dans l’éducation des enfants et ces derniers devant être instruits selon les valeurs héritées de 1789, il s’agit également de façonner de futures « médiatrices républicaines » au sein des foyers.
Le programme d’instruction qui en découle est considérablement allégé par rapport à celui dispensé aux garçons : la philosophie, le grec, le latin, l’abstraction mathématique, en sont pratiquement exclus au profit d’enseignements plus pratiques (langues vivantes, hygiène, économie domestique…).
On mesure dès lors l’audace et la persévérance des pionnières de cette première période qui doivent non seulement faire face aux préjugés de leur époque mais encore trouver les moyens de se mettre à niveau dans les matières dites classiques afin d’être en mesure de se présenter au baccalauréat, seul sésame autorisant l’accès à l’enseignement supérieur.