Du début du siècle à la veille de la Première guerre
Des étudiantes de plus en plus nombreuses
Entre 1900 et 1914, la présence des femmes dans l’université française continue de s’affirmer tout en demeurant marginale : 10 % des étudiants y sont des étudiantes à la veille de la Première guerre mondiale.
Ce renforcement est favorisé par l’évolution structurelle que connaît alors l’enseignement secondaire : la réforme de 1902 consacre le principe d’égale dignité entre les études secondaires dites « classiques » et « modernes » (sans latin) débouchant sur des baccalauréats d’égale valeur.
De nouvelles perspectives s'ouvrent ainsi pour les candidates aux études supérieures. À partir de 1908, les établissements publics féminins sont habilités à préparer les jeunes filles au baccalauréat ; à partir de 1913, les cours de latin sont autorisés dans le secondaire féminin.
Si elle s’inscrit dans la tendance nationale, la croissance des effectifs féminins dans l’enseignement supérieur est cependant plus marquée à Paris qu’ailleurs : ils atteignent 1231 en 1905 puis 2121 en 1910 (soit de 8 à 12 % des effectifs globaux).
L'attrait de Paris
Alors qu’elles regroupent, en 1914, un peu plus de 42 % des inscriptions universitaires françaises, les facultés parisiennes réunissent environs 52 % des étudiantes du pays.
Cette domination parisienne repose notamment sur la densité du réseau d’établissements d’enseignement secondaire et la présence d’institutions qui se sont donné pour mission de propager l’instruction parmi les femmes, tel le Collège Sévigné, établissement privé laïque qui propose dès 1905 une préparation au baccalauréat pour les jeunes filles.
Les aspirantes trouvent également à Paris la possibilité de se fondre dans une population étudiante déjà nombreuse, où il est plus facile de passer inaperçue. Le milieu bourgeois parisien se montre davantage ouvert à l’idée que les femmes poursuivent leurs études et fait preuve pour ses filles d’une attitude, en général, plus permissive que celle des élites provinciales, moins promptes à s’affranchir de la tradition.
Alors que les associations d'étudiants excluent, souvent pour des raisons de moralité, la présence de femmes dans leurs statuts, des associations d'étudiantes voient le jour.
En 1910, Louise Cruppi, présidente de la section Lettres, sciences et arts du Conseil national des femmes françaises et Melle Fiévet, professeur, fondent l'Association générale des étudiantes de l'Université de Paris, afin de venir en aide aux intellectuelles de situation modeste, en particulier les étudiantes venues de provinces et isolées à Paris.
Le foyer de l'association, situé à cette date au 55 de la rue Saint-Jacques, est destiné à faciliter leur vie matérielle et leurs échanges amicaux. Trois ans plus tard un « secrétariat de placement féminin pour les travailleuses intellectuelles » est rattaché à l’association. Louise Cruppi contribue par la suite à la création d’associations étudiantes semblables en province.