Une avant-garde internationale
Pari d'avenir
Une des caractéristiques de cette avant-garde féminine est de compter une forte proportion d’étudiantes d’origine étrangère, en quête d’une formation universitaire inaccessible dans leur pays ou attirées par le prestige d’une métropole qui s'impose parmi les principaux centres intellectuels de l’Europe.
Jusqu’en 1893, et à nouveau à partir de 1900, elles représentent plus de la moitié du public féminin des facultés de la capitale et font encore à peu près jeu égal avec les étudiantes nationales à la veille de la Première guerre.
Aux côtés des Anglaises et Américaines, qui ont bénéficié de l’enseignement de la langue française en vogue dans les classes aisées, se retrouve un grand nombre d’étudiantes provenant de l’Europe de l’Est, notamment de Pologne, Roumanie et surtout Russie.
A l'époque, certains de ces pays offrent, en effet, un enseignement secondaire de bon niveau pour les jeunes filles mais restreignent l’accès à leurs universités, réservé à une élite choisie par le pouvoir politique en place. Des jeunes femmes de confession juive s’exilent, quant à elles, afin de fuir pogroms et discriminations.
La présence des ressortissantes de l’Empire russe est en particulier massive dans les disciplines médicales et scientifiques, dont les diplômes peuvent leur permettre des débouchés professionnels de retour dans leur pays. Issues de classes modestes, parfois acquises aux idées révolutionnaires, ces jeunes femmes recherchent des moyens d’émancipation.
Ainsi, la jeune Polonaise Marya Sklodowska, future Marie Curie, travaille comme répétitrice et gouvernante afin d’économiser la somme nécessaire pour financer les études de médecine de sa sœur Bronya, à Paris ; cette dernière, une fois installée et mariée, la fait venir à son tour à Paris et la soutient matériellement pendant ses études de physique.