Diffusion

  1. Un succès mitigé
  2. Les éditions latines

Un succès mitigé

Dans les premiers temps suivant la parution du Discours de la méthode et des Essais, Descartes a bien du mal à cacher sa déception :

« Je vous suis extrêmement obligé de la peine que vous prenez de corriger les fautes d'impressions de mes essais mais j'ai quasi peur qu'elle soit superflue car vu le peu d'exemplaires que le libraire dit en avoir vendu je ne vois pas grande apparence qu'il les doive réimprimer. »

Lettre autographe manuscrite de René Descartes au Père Mersenne, le remerciant de corriger les fautes d'impression de ses Essais et lui parlant de diverses questions scientifiques. 9 janvier 1639, f.1

Le livre ne rencontre pas en effet le succès attendu. La première réédition en langue française du Discours de la méthode et des Essais n'aura lieu qu'en 1657, après la mort de l'auteur. Mais, avant cette date, les éditions en latin ont pris le relai.

Les éditions latines

Dans son projet originel, Descartes a délibérément choisi de rédiger dans sa langue natale, en rupture avec les habitudes de la communauté savante de son temps. Il cherche ainsi à toucher un plus large public.

« Et si j'écris en français, qui est la langue de mon pays, plutôt qu'en latin, qui est celle de mes précepteurs, c'est à cause que j'espère que ceux qui ne se servent que de leur raison naturelle toute pure jugeront mieux de mes opinions que ceux qui ne croient qu'aux livres anciens ; et pour ceux qui joignent le bon sens avec l’étude, lesquels seuls je souhaite pour mes juges, ils ne seront point, je m’assure, si partiaux pour le latin, qu’ils refusent d’entendre mes raisons pource que je les explique en langue vulgaire. »

René Descartes, Discours de la méthode ..., Leyde, Jean Maire, 1637, p.77 [orthographe modernisée]

La première traduction latine du Discours de la méthode est due à Etienne de Courcelles (1586-1659), théologien protestant et ami personnel de Descartes. Elle est publiée en 1644 avec la Dioptrique et les Météores mais sans la Géométrie, jugée plus ardue. Edité à Amsterdam, chez Louis Elzevier, l'ensemble porte le titre de Specimina philosophiae ("échantillons de philosophie"). Il accompagne la première édition des Principia philosophiae, qui paraît directement en latin.

 

Dix éditions des Specimina se succèdent entre 1644 et la fin du siècle, contre cinq éditions en langue française du Discours et des Essais dans le même temps.

En dépit des attentes de Descartes, les éditions latines semblent bien avoir été le vecteur privilégié de la diffusion de l'ouvrage auprès de la communauté scientifique.