MS 175

Page gauche d'un manuscrit médiéval à deux colonnes aux lignes aérées. La page est dominée par une très large lettrine P commençant la colonne droite, à hampe verte, et à rinceaux clairs sur fond vert et rouge, bordée de lignes rouges sur toute sa hauteur, soit les deux tiers de la page. 4 annotations marginales scandent la colonne gauche, la première écrite en rouge.

Cote : Paris, Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, ms. 175

Notice CALAMES : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/UNIA10365

Numérisation NuBIS : https://nubis.univ-paris1.fr/ark:/15733/mr50

Auteur(s) et Titre(s) : Florus Lugdunensis, Expositio in epistolas beati Pauli ex operibus sancti Augustini collecta [ad Galathas – ad Hebraeos].

Date : XIIe siècle (première moitié)

Langue : lat

 

Description physique

Support : parchemin, avec quelques défauts (surtout lisières et yeux).

Nombre de ff. : III (non numérotés), 182 (numérotés au crayon en chiffres arabes), IV-VIII (non numérotés).

Dimensions : 350 × 255 mm.

Réglure : réglure à la pointe sèche sur le côté poil (Rand « old style ») ; Muzerelle 1-1-11/0/2-2/JJ Muzerelle, 35/43 lignes sur deux colonnes (cahiers I-XIV : 43 lignes ; XV et XVIII : 36 l. ; XVI : 39 l. ; XVII : 38 l. ; <XVIIII>-<XXIII> : 35 l.).

Codicologie : 23 cahiers réguliers s’ouvrant sur le côté poil, tous quaternions (le dernier cahier, fol. 177-V, comprend également les deux feuillets de garde inf.)

Écriture : caroline, d’au moins dix scribes : A (fol. 1ra-96ra, 96va-b), B (fol. 96rb), C (fol. 96va-98va), D (fol. 98vb-112vb), E (fol. 113ra-120vb), F (fol. 121ra-148ra), G (fol. 148ra-148va), H (fol. 148vb-156ra), I (fol. 156rb-182ra ; 182va-b), L (fol. 182rb).

Décoration : Grandes initiales polychromes à motifs zoomorphes et phytomorphes, exécutées à la plume, souvent champies au pinceau de couleur aplat (fol. 1ra, 30rb, 56vb, 103va, 127vb) ou par traits de couleur à la plume (fol. 79ra). Une initiale de grande taille mais à l’encre rouge (fol. 142ra).

Initiales calligraphiques exécutées à l’encre rouge ou noire, parfois bourgeonnées (par ex., fol. 139v). Intitulés, lemmes, titres courants, mention de la source dans les marges, bouts-de-ligne et signature des cahiers généralement tracés à l’encre rouge. Quelques espaces réservés pour initiales non exécutées (fol. 92rb, 99va, 145vb, 146ra).

Reliure : reliure de conservation réalisée en 2022 par l’atelier de la BIS. La reliure antérieure était privée d’un ais de bois (cf. CGM, p. 48). Les fol. I-III, VI-VIII sont des gardes en papier, ajoutées au moment de la reliure moderne ; les fol. IV-V sont des gardes anciennes en parchemin et sont liées au dernier cahier ; le fol. V, originairement contre-garde, présente des traces de colle.

 

Description (contenu)

ff. 1ra-182vb : <Florus Lugdunensis, Expositio in epistolas beati Pauli ex operibus sancti Augustini collecta [ad Galathas – ad Hebraeos]> (Stegmüller, RB, n° 2280-2290, 6923-6933. 1ère éd. Divi Augustini in sacras Pauli Epistolas noua et hactenus abscondita interpretatio: per Venerabilem Bedam ex innumeris illius codicibus mira industria summoque labore collecta [...]. Parrhisijs, opera et impensa Uldarici Gering et magistri Bertholdi Rembolt sociorum, 1499, ff. 139v-227r ; PL 119, col. 279-420 [version abrégée]; Flori Lugdunensis Expositio in Epistolas beati Pauli ex operibus s. Augustini. III. In Epistolam secundam ad Corinthios, in Epistolas ad Galatas, Ephesios et Philippenses, éd. Paul-Irénée Fransen - Luc De Coninck - Bertrand Coppieters 't Wallant - Roland Demeulenaere, Turnhout, 2011 [Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis 220 B. Flori Lugdunensi Opera Omnia 6], p. 191-549 [uniquement Gal, Eph, Phil]).

Rubrique, fol. 1ra : « Incipit Expositio Epistole ad Galathas ».

Incipit, fol. 1ra : « Paulus apostolus non ab hominibus neque per hominem, sed per Iesum Christum et Dominum Patrem qui suscitauit eum a mortuis [lemme = Gal. 1,1]. Priores sunt ceteri apostoli per Christum adhuc ex parte hominem, id est mortalem. Nouissimus est apostolus Paulus per Christum iam Deum totum, id est omni ex parte immortalem... ».

Explicit, fol. 182vb : « ...Simul ergo in dominico agro bonum operemur, ut simul de mercede gaudeamus ».

Rubrique, fol. 182vb : « Amen. Explicit » (addition du XIIIe s.).

Provenance : Le ms. est vraisemblablement d’origine française. Il a appartenu au Collège Louis-le-Grand, cf. l’estampille de ce dernier au fol. 1r. Ensuite, il entra dans les collections de la Bibliothèque de l’Université, cf. l’estampille de cette dernière à l’encre rouge au fol. 1r et 182v.

Au fol. 1r, anciennes cotes : « 189.5.10 » ; « t. I, 27 » ; « N° 48 ».

Bibliographie du ms. :

Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Université de Paris et Universités des départements, Paris 1918, p. 48.

André Wilmart, « Sommaire de l’exposition de Florus sur les Épîtres, Revue Bénédictine, 38, 1926, p. 205-216, en part. p. 209, 216.

Friedrich Stegmüller, Repertorium Biblicum medii aevi, Madrid, 1950-1980, vol. IV, n° 6933.

Commentaire

  1. Relevé des notes marginales, des traces et des signes de lecture ou d’usage ; débats/discussions à partir de passages choisis

Dans les marges interne et de gouttière, le ms. présente une série assez uniforme d’annotations, datant de la même époque du texte principal. Chaque annotation est indiquée par un signe de nota bene. Dans quelques cas, seul le monogramme de renvoi est présent, sans d’autre texte. Dans une section du manuscrit, les annotations marginales sont signalées majoritairement par des capitales rouges (fol. 70r-96v et, très sporadiquement, ailleurs). Aux fol. 176r-181r, les signes de renvoi réapparaissent, cette fois à l’encre noire, en alternance ou en coprésence avec les monogrammes des notes. La même main qui compile les notes ajoute parfois certaines des indications de sources omises par le rubricateur, en les écrivant en majuscules et en noir. La série de notes marginales comprend certaines des annotations qui, dans le manuscrit original de l’œuvre (Lyon, BM, 484), sont attribuables à la main de Florus. Par exemple, la glose des mots anathemare et deuotare insérée dans un cadre au fol. 1v (« Anathema, maledictio, deuotatio, item condempnatio detestabilis, abominabilis, alienatus ») correspond à la note manuscrite de Florus, qui est encadrée de la même manière dans le codex original (Lyon, BM, 484, fol. 37v). Au fol. 15vb de l’intercolumnium, à côté du texte « nondum de illa natum erat » se trouve la note suivante : « Nota diligenter quid significet abortiuum », qui correspond exactement au texte trouvé dans la marge du foll. 50v du codex de Lyon. Il en va de même pour deux notes du fol. 54v qui reproduisent celles du fol. 92r de l’original. Le ms. 175 reproduit également en marge les indications, également de l’auteur, qui se réfèrent aux différentes épîtres pauliniennes citées dans le texte.

Les corrections apportées au texte dans les marges sont pour la plupart attribuables à la même main que celle qui a rédigé le texte. Une main du XIVe siècle ajoute, en marge et en titre courant, l’indication du numéro de chapitre du texte paulinien commenté.

  1. Particularités du ms. : sa position dans la tradition textuelle ; sa production (artistique, géographique, contexte institutionnel …) ; mise en page ; …

Le codex ne transmet pas l’Expositio super epistolas Pauli ex libris s. Augustini collecta de Bède le Vénérable, comme l’indique faussement le CGM, mais l’œuvre similaire de Florus de Lyon. L’erreur d’identification est due à une annotation ajoutée au XVe siècle sur un feuillet de garde qui n’est plus conservé : « Precium XI scutorum. Liber Bede de uerbis Augusti<ni> super epistolas Pauli » (cf. CGM, p. 48). Les deux ouvrages sont fréquemment confondus, tant dans la tradition manuscrite que dans les éditions imprimées. Le commentaire de Florus est en effet attribué à Bède dans l’incunable imprimé en 1499 à Paris par Ulrich Gering et Berthold Rembolt, qui est la seule édition complète de ce texte à ce jour.

Le manuscrit 175 ne transmet pas l’œuvre entière, mais seulement sa deuxième partie (Gal.-Hebr.) : le commentaire de la lettre aux Romains et des deux lettres aux Corinthiens est absent. Cette lacune n’est pas surprenante puisque, dans la tradition manuscrite, le commentaire de Florus est souvent transmis en en deux ou trois volumes.

L’Expositio de Florus de Lyon se compose de 2218 extraits, tous tirés des œuvres d’Augustin. L’original de l’ouvrage, partiellement autographe, a été identifié dans les manuscrits Lyon, BM, 484 (414) + Paris, BnF, Baluze 270, fol. 72bis-73. Il s’agit de deux fragments comprenant 203 feuillets répartis en 28 cahiers (numérotés à partir de XXXII) + 2 feuillets dans un cahier relié au ms. Baluze 270. L’œuvre complète devait comprendre 60 cahiers. La partie du texte non transmise de l’original peut être reconstituée grâce à une copie contemporaine, le ms. Troyes, BM, 96. La tradition manuscrite de l’œuvre comprend environ 80 témoins, datant du IXe au XVIe siècle, avec une plus grande diffusion au XIIe siècle. La seule édition critique existante de l’œuvre, publiée en 2011, n’est que partielle et comprend des commentaires sur 2Cor, Gal, Eph et Phil. L’étude préliminaire réalisée par les éditeurs ne porte pas sur l’ensemble de la tradition manuscrite et n’établit pas de stemma codicum, puisqu’elle se base exclusivement sur les fragments originaux et sur une copie de l’époque du vivant de l’auteur, probablement réalisée par Mannon de Saint-Oyen, élève de Florus.

Bibliographie complémentaire : Johannes Heil, Kompilation oder Kostruktion? Die Juden in den Pauluskommentaren des 9. Jahrhunderts, Hannover, 1998, p. 403-405 ; Luc De Coninck – Bertrand Coppieters ’t Wallant – Roland Demeulenaere, « Pour une nouvelle édition de la compilation augustinienne de Florus sur l’Apôtre », Revue Bénédictine, 119, 2009, p. 316-335.

  1. Réception du texte/œuvre/auteur dans son contexte, histoire de sa réception

L'histoire de la réception du commentaire de Florus de Lyon sur les Épîtres pauliniennes, commentaire compilé à partir des œuvres d’Augustin, est marquée par un fait : elle se mêle avec celle de l’ouvrage de Bède portant sur le même corpus, dont Florus s’inspire. Les deux œuvres ont été distinguées définitivement par Jean Mabillon en 1675, puis de manière plus articulée par André Wilmart en 1926. Les manuscrits de l’œuvre de Florus connaissent plusieurs fausses attributions : non seulement Bède (cf. le CGM), mais aussi Bartolomeo Carusi d’Urbino et Odilon de Cluny, ainsi qu’Augustin lui-même. Une autre confusion concerne une troisième compilation similaire attribuée à Pierre de Tripoli, qui demeure cependant non identifiée à ce jour. La tradition manuscrite, assez riche, comprend également une copie glosée au XIIe siècle par Herimannus, moine de Saint-Gall et élève d'Abélard : il s’agit du codex Saint-Gall, Stiftsbibliothek, 64.

La première édition imprimée qui, sur la base de l’essai de Mabillon, attribue correctement l’œuvre à Florus de Lyon est celle de Jacques-Paul Migne dans le volume 119 de la Patrologie Latine. Cependant, Migne choisit de publier le commentaire sous une forme abrégée, en réduisant à la fois les mots-clés du texte biblique et les extraits des œuvres d’Augustin, pour lesquels il fournit un renvoi au passage correspondant dans les volumes reproduisant l’œuvre de l'évêque d’Hippone (PL 32-47).

Bibliographie complémentaire (par ordre de parution) : Jean Mabillon, Disquisitio de venerabiis Bedae & Flori diaconi Lugdunensis commentariis in Paulum ex dictis s. Augustini, in Veterum analectorum tomus I [...], Luteciae Parisiorum, 1675, p. 12-21 = PL 90, col. 67-72. Patrologiae cursus completus. Series Latina, éd. Jacques-Paul Migne, vol. 119, Paris, 1852, col. 279-420 ; André Wilmart, « La collection de Bède le Vénérable sur l’Apôtre », Revue Bénédictine, 38, 1926, p. 16-52 ; André Wilmart, « Le mythe de Pierre de Tripoli », Revue Bénédictine, 43, 1931, p. 347-352 ; Célestin Charlier, « La compilation augustinienne de Florus sur l’Apôtre. Sources et authenticité », Revue Bénédictine, 57, 1947, p. 132-186 ; F. Stegmüller, Repertorium, cit., vol. II, n° 1619-1631 ; n° 2276-2290 et p. 309, 417-418 ; vol. IV, n° 6920-6933 ; vol. IX, n° 3235,1-13 ; Werner Affeldt, « Verzeichnis der Römerbriefkommentare der lateinischen Kirche bis zu Nikolaus von Lyra », Traditio. Studies in Ancient and Medieval History, Thought and Religion, 13, 1957, p. 369-406 (aux p. 378-379) ; Werner Affeldt, Die weltliche Gewalt in der Paulus-Exegese. Röm. 13,1-7 in den Römerbriefkommentaren der lateinischen Kirche bis zum Ende des 13. Jahrhunderts, Göttingen, 1969, p. 263-264 ; Johannes Machielsen, Clavis patristica pseudepigraphorum medii aevi, II A, Turnhout, 1994, n° 1913, p. 442 ; n° 2013, p. 447 ; n° 2880, p. 636 ; Clavis Patrum Latinorum qua in Corpus Christianorum edendum optimas quasque scriptorum recensiones a Tertulliano ad Bedam commode recludit, cur. Eligius Dekkers - Emilius Gaar (†), Steenbrugge, 19953, n° 1360, p. 448. De Coninck – Coppieters ’t Wallant – Demeulenaere, Pour une nouvelle édition, cit., p. 316-335 ; Shari Boodts, « The Reception of Saint Augustine in Florus of Lyon’s Expositio epistolarum beati Pauli apostoli. The Section on Romans 7 », dans La controverse carolingienne sur la prédestination. Histoire, textes, manuscrits. Actes du colloque international de Paris des 11 et 12 octobre 2013, éd. Pierre Chambert-Protat – Jérémy Delmulle – Warren Pezé – Jeremy C. Thompson, Turnhout, 2018, p. 147-167.

 

Signature : Notice rédigée par Roberto Gamberini (janvier 2022) dans le cadre du projet LEGETIMAM financé par Sorbonne Université.