Les techniques mises en œuvre pour prévenir l’aggravation des altérations
Le repérage des altérations à caractère évolutif, qu’elles concernent les feuillets ou les reliures, a été suivi d’interventions rigoureusement définies, tant du point de vue du choix des matériaux que de leurs modalités de mise en œuvre. Les matériaux utilisés en conservation répondent, en effet, à des normes strictes : ils doivent être stables chimiquement dans le temps et compatibles avec les matériaux originaux. Les techniques employées doivent également permettre la réversibilité de l’intervention, c’est-à-dire que la consolidation doit pouvoir, si besoin, être retirée ultérieurement, sans altérer les matériaux d’origine, par un autre restaurateur. La documentation de l’intervention joue donc un rôle primordial pour atteindre cet objectif de réversibilité.
Réparations de déchirures de feuillets de parchemin
Concernant les déchirures présentes sur les feuillets de parchemin, le protocole de consolidation a consisté, selon la zone à traiter, à fixer sur le feuillet un matériau d’apport, papier japonais ou baudruche appelé « golbeater’s skin ». Ce matériau d’apport a pour fonction de soutenir les deux bordures de la déchirure, placées bord à bord, au moyen d’un adhésif choisi pour ses propriétés chimiques et mécaniques. Cet adhésif doit permettre un collage suffisant, sans être trop fort, afin d’éviter la création de nouvelles tensions sur les pourtours de la déchirure.
Dans certains cas, il a fallu, au préalable, procéder au retrait d’adhésifs appliqués à l’occasion de restaurations anciennes. Afin d’éviter d’endommager l’écriture manuscrite présente sous l’adhésif, le décollage a été précédé, en fonction de la nature de l’adhésif, d’un apport d’eau ou de solvant. Cet apport a été réalisé sous forme de gel pour limiter au strict minimum la quantité de liquide susceptible, à trop forte dose, de modifier la structure du parchemin.
Consolidations de reliures anciennes
Concernant les reliures anciennes, en particulier celles datant de l’époque médiévale, le protocole d’intervention, déterminé au cas par cas, a été conçu de manière à préserver au maximum leur état originel. Dans ce but, des consolidations très localisées ont été réalisées sur les points de fragilité. Certaines déchirures présentes sur les couvrures en cuir ont par exemple été réduites par la pose de petites pattes de renforts positionnées au verso du matériaux de couvrure.
Les consolidations préalables à la numérisation ont parfois également porté sur les coutures. Les matériaux utilisés pour réaliser les coutures d’origine - du cuir pour les supports de couture et du fil de lin pour la couture -, se fragilisent en effet en vieillissant. Cette fragilisation est la conséquence de processus de dégradation chimique conjugués aux tensions mécaniques qui se sont exercées à l’occasion de la consultation des manuscrits (ouvertures et fermeture de la reliure). Il n’est donc pas rare d’observer des zones de fragilité, voire de rupture, de ces éléments. Les interventions effectuées visent à arrêter les dégradations tout en conservant ces éléments en place : consolidations locales des supports de couture à l’aide de cuir neuf (photo) et rattachement des cahiers détachés à l’aide d’un nouveau fil de couture.