Des excursions en groupe
Plusieurs excursions de groupe
Groupe à pied : ascension de Pietrele Doamnei (Bucovine), Emmanuel de Martonne, UMR 8586 Prodig - Cote EU357-015.
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Professeur invité à l’Université de Cluj au printemps et à l’été 1921, E. de Martonne dirige en août et en septembre plusieurs excursions en groupes à travers le pays. Lors de ces excursions de plusieurs semaines chacune, le géographe français remplit au moins deux carnets de terrain. Les notes et croquis sont relevés sur le terrain et parfois sans doute également retravaillés le soir même. Les carnets témoignent d’au moins deux grandes excursions, l’une en Transylvanie et l’autre en Bucovine et au nord de la Bessarabie (3e excursion).
Parmi les collègues qui ont accompagné E. de Martonne sur le terrain lors de la 3e excursion qu’il a organisée, on peut citer plus particulièrement les géologues roumains Gheorghe Munteanu-Murgoci (1872-1925) et Sava Anthanasiu (1861-1946), les géographes roumains Grigore G. Danescu (né en 1873) et Mihail D. David (1886-1954), le secrétaire de l’association touristique de Roumanie et auteur de guides touristiques Mihail Haret (1884-1940), l’ethnologue roumain Romulus Vuia (1887-1963). A ce groupe se sont joints cinq étudiants de la Sorbonne, dont le futur géographe français Robert Ficheux (1898-2005) : leur voyage a été payé par des crédits obtenus auprès du Ministère de l’Instruction publique et du Conseil de l’Université de Paris. Enfin, deux officiers ont également accompagné le groupe, l’un de l’Institut militaire géographique de l’armée roumaine, l’autre de l’Etat-major général.
Excursionnistes à cheval, départ pour le Retezat, Emmanuel de Martonne, UMR 8586 Prodig - Cote EU3551-003.
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Ces séries d’excursions ont demandé une préparation logistique lourde pour conduire plusieurs dizaines de personnes à cheval, en train, en voiture et à pied à travers la Roumanie, pour les nourrir et pour les héberger, parfois sous la tente. Accéder ainsi en groupe à des régions parfois très enclavées ne s’est pas fait sans surmonter des difficultés logistiques. Comme le cite R. Ficheux à la fin de son article de 1925 sur le caractère exploratoire et quasi expéditionnaire de ces excursions :
« ….ces longues excursions, qui, par le nombre des participants, par les longues randonnées à cheval, les nuits passées sous les tentes dans des régions ordinairement inaccessibles, ont pris souvent l’allure de véritables expéditions ».
Les régions roumaines étudiées
Carte de l'itinéraire approximatif d'Emmanuel de Martonne issu du carnet [16] (anciennement carnet 4).
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Cette carte propose une reconstitution des itinéraires suivis lors de l’excursion notée dans le carnet [16], anciennement carnet 4.
Toutes les régions parcourues lors de la série d’excursions dirigées par E. de Martonne en 1921 n’ont pas été étudiées avec la même profondeur. Celles concernées par les première et deuxième excursions, à savoir respectivement le Bihor et le Banat, sont bien connues par les travaux demartoniens (notamment le Banat qu’il a étudié dans le cadre de sa thèse de sciences quinze ans auparavant) et les travaux roumains ; ces excursions en terrain déjà connu ont permis de livrer des débats sur le terrain entre plusieurs hypothèses d’interprétation des formes du relief.
En revanche, les régions étudiées lors de la 3e grande excursion et dont le carnet [16] rend compte, concernent trois grands ensembles de la partie nord-orientale de la Roumanie nouvelle : premièrement, une partie des Alpes de Bucovine (ou du Maramures) comprenant les collines du Haut Somes oriental, le Massif de Rodna, le Bassins et les collines du Maramures et de la Bucovine et les Carpates moldaves, deuxièmement les Collines moldaves avec les Collines de Bucovine, les plateaux du Nord de la Bessarabie, la vallée du Dniestr de Hotin à Soroca et les collines de la Moldavie centrale et troisièmement le Massif cimmérique de la Dobrodgea septentrionale. Ces territoires sont en partie des régions qui (re)viennent tout récemment d’être roumaines à la suite des traités de paix. De l’aveu même du géographe français, cette excursion a eu le « caractère d’un voyage de reconnaissance. […] de longs trajets ont été couverts rapidement en chemin de fer ou en automobile, offrant l’occasion d’observer des aspects très variés, de poser des questions plutôt que de les résoudre ».
On trouvera par ailleurs sur Navigae une reconstitution d’itinéraire dynamique combinée à la transcription au fil des pages du carnet [16] et aux photographies prises dans la région.