Une pratique répandue aux amateurs

Des cartes originales

Les Patates !, anonyme, 1917

Outre les cartes produites massivement par divers procédés de gravure (lithographie, photogravure, impression offset...), un grand nombre d’illustrateurs amateurs s’attache également à la réalisation de cartes postales à des fins épistolaires. Cela permet d'envisager l'ampleur du phénomène

Ces cartes originales sont réalisées au crayon, aux crayons de couleur, à l’aquarelle, à l’encre ou encore aux pastels.

Bien souvent, ces cartes originales s'inspirent du quotidien de celui ou celle qui les réalise, au front comme à l'arrière.

Ainsi, ci-contre, le dessinateur reproduit une situation comique inspirée de la pénurie alimentaire de 1917.

Ci-dessus, un dessinateur qui signe A. Bognard s'inspire de la vie quotidienne au front pour réaliser à l'aquarelle une histoire en 16 parties. Tout en caricaturant le quotidien dans les tranchées, cette "drôle d'histoire" propose tout de même une représentation rare de la vie militaire. Ce que les soldats soupçonnent être un espion ennemi, et qui engendre l'inquiétude de l'état-major et la mobilisation d'engins de siège, s'avère en fait être un rat qui se promenait dans les tranchées. 

D'autres s'inspirent plutôt de l'iconographie omniprésente dans l'illustration, la presse satirique et les cartes postales, et vont parfois jusqu'à recopier soigneusement des cartes d'artistes reconnus, avec plus ou moins de talent...

Un médium d'actualité

 

Ces artistes amateurs entretiennent parfois une correspondance soutenue qui tient souvent compte de l’actualité de la guerre, en s’appropriant l’imagerie satirique qui circule dans la presse illustrée et l’édition de cartes postales.

 

Ce dessinateur dont on déchiffre difficilement la signature (un certain Robert), réalise près d'une centaine de cartes satiriques à la plume et à l'aquarelle entre 1914 et 1915, en s'inspirant de l'actualité immédiate de la guerre.

Correspondance illustrée

Dans la collection de la Bibliothèque de la Sorbonne, on trouve une vingtaine de cartes de l'artiste amateur R. Duhan, qui, depuis Bordeaux, en attendant sa mobilisation civile, adresse un grand nombre de cartes aquarellées satiriques, pleines d'humour, à son ami J. Saulnier, soldat au 18ème COA. Au dos, il relate la vie à l'arrière et prend des nouvelles de leurs amis au front. Son destinataire, posté au Mans, lui envoie en retour des « cartes-vues » de paysages.

 

« [...] Bien cher ami. Tous mes remerciements pour vos bonnes nouvelles. Dès l'instant que j'aurai bientôt le plaisir de vous serrer les phalanges, on pourra causer mieux que par cartes. Ici, rien de bien particulier à vous signaler. Duand turbine toujours, Claverie est toujours à Taza ou au milieu des bleds marocains et celui qui signe attend la mobilisation civile, c'est le rêve. »

« [...] Encore un joli coin du Mans que je finirais par connaître comme si je l'avais parcouru ; grâce aux jolies vues que je reçois de vous. Votre carte m'est arrivé en même temps que celle de Claverie (Alfred) qui se dit toujours heureux à Mogador [Essaouria]. Pour se distraire, il fait de la photo, sa carte en est une, faite par lui, et où il se représente sur la galerie d'une tour carrée dans la pose d'un muezzin disant sa prière. Le geste n'est pas réussi, car il a tout l'air de faire "Kamerad" [...]. »