Représenter la patrie
Figures allégoriques
En Alsace !, carte aquarellée d'après Georges Scott |
Les motifs patriotiques adoptés au XIXe siècle sont réemployés par la satire dans la production française de cartes postales. Ainsi, le coq et Marianne, opposés à l’aigle allemand et à « Germania », symbolisent la civilisation et la patrie. Le thème de la revanche, quarante-trois ans après le traité de Francfort, occupe également une place importante dans l’iconographie.
L’Alsace et la Lorraine sont généralement représentées par des allégories féminines en costumes traditionnels qui boutent les Allemands hors de la région ou accueillent avec joie les poilus français, comme sur cette célèbre illustration de Georges Scott, reproduite à l'aquarelle, qui figure en couverture de l'hebdomadaire L'Illustration du 15 août 1914.
Figures historiques et militaires
De la même façon, le recours à des figures historiques devenues consensuelles sous la IIIème République, comme Jeanne d’Arc ou encore Napoléon Ier, vise à illustrer le prestige militaire français. Le culte de Jeanne d'Arc s'est beaucoup développé après 1870, mais c'est l'Union sacrée qui parvient à en faire une figure fédérant aussi bien les plus catholiques que les républicains. Ces deux cartes sont issues d'une série bilingue destinée à une clientèle anglophone ; celles-ci sont toutefois exclusivement en français afin sans doute de ne pas froisser l'allié...
A notre Joffre, Lesnit, phototypie et photogravure |
L’état-major français et la figure du poilu, dans la veine des images d’Epinal contemporaines, sont placés au rang de héros par l’iconographie. Des milliers de cartes postales sont publiées à la gloire des maréchaux ou des grands chefs militaires. Le maréchal Joffre en particulier, vainqueur de la bataille de la Marne (septembre 1914), fait même l’objet d’un véritable culte iconographique de la personnalité que Foch, Pétain ou Clemenceau ne parviennent pas à égaler. De très nombreuses cartes postales à son effigie sont publiées, voire réalisées par des amateurs à l'aquarelle ou aux crayons. Il s'agit également d'exalter la foi des soldats dans le génie militaire de leur chef, tout en donnant au personnage une aura accessible et bienveillante.
La carte-ci contre mêle des symboles nationaux - comme le drapeau tricolore ou la Marianne casquée - à un portrait photographique de Joffre.